Pour ceux qui l’ignorent, l’Allemagne est non seulement le berceau de l’imprimerie occidentale moderne avec la presse à feuilles de Gutenberg vers 1454, mais elle s’est aussi avérée un joueur majeur dans l’imprimerie sur tissu à partir de 1760, grâce à Christophe-Philippe Oberkampf.
Né dans une famille de teinturiers de Wiesenbach, Oberkampf est le descendant d’une lignée de teinturiers luthériens du Wurtemberg. Il apprend le métier chez son père, établi à Aarau en Suisse comme fabricant de toiles imprimées, les indiennes, puis se rend à Bâle chez des producteurs d’indiennes (des indienneurs).
En 1756, à 18 ans, le jeune Oberkampf acquiert son indépendance et entre comme graveur à la manufacture d’impression Koechlin et Dollfus à Mulhouse. En octobre 1758, il monte à Paris et s’engage comme coloriste dans les ateliers d’indiennes du fabricant Cottin installés à l’Arsenal.
Lorsque cette industrie devient légale en France le 9 novembre 1759, il propose au suisse du roi Louis XVI, Antoine Guernes, dit « Tavannes », de s’associer avec lui pour la création, à Jouy-en-Josas, d’une manufacture d’indiennes. Les premières toiles sont imprimées le 1er mai 1760 et connaissent un succès qui permet à Oberkampf d’agrandir, en 1764, sa fabrique sur un vaste terrain de 18 000 m2. L’effectif de la manufacture croît rapidement et atteint 900 ouvriers en 1774. Son seul associé, de 1762 à 1790, fut Sarrasin de Maraise, dont la femme, Marie-Catherine-Renée, née Darcel, tenait la comptabilité de la manufacture.
En août 1770, justifiant dix ans de résidence en France, Oberkampf et son frère sont naturalisés français. À la même époque, les planches de bois sont remplacées par des plaques de cuivre, gravées également, mais souples pouvant être fixées sur des tambours cylindriques. Cette importante évolution technique, due à son neveu Samuel Widmer, va permettre à l’entreprise d’augmenter considérablement sa production et d’entrer dans l’ère de la mécanisation.
Manufacture royale
En 1783, la fabrique reçoit du roi Louis XVI le titre de manufacture royale et en 1787, Oberkampf, anobli par lettre de mérite en 1787, reçoit du roi le titre d’écuyer ainsi que le droit de disposer d’armoiries et d’une devise Recte et vigilanter (droiture et vigilance). Sa manufacture produit à cette époque environ 30 000 pièces par an et mobilise 800 ouvriers.
La réforme des départements et des communes par la Révolution l’amène à être nommé, le 7 février 1790, maire de Jouy-en-Josas. Le 26 fructidor an III, Oberkampf se porte acquéreur de l’ancienne ferme royale de Bouviers à Guyancourt, afin de contrôler la qualité des eaux de la Bièvre dont la source se trouve sur les terres de cette ferme. Il ouvre aussi une succursale dans le bourg d’Essonnes, sur la rivière Essonne.
La manufacture reste florissante durant la Révolution et devient la deuxième entreprise du pays après la manufacture de verre de Saint-Gobain. À partir de 1805, le commerce décline et l’effectif du personnel, qui avait atteint 1 600 ouvriers, doit être réduit. En 1816, 550 travailleurs sont salariés par l’entreprise Oberkampf.
En 1806, Oberkampf obtient la médaille d’or de première classe à l’exposition des produits de l’industrie au Louvre pour son rôle éminent dans la fabrication des toiles peintes. Le 20 juin 1806, à l’occasion d’une visite des ateliers, Napoléon lui décerne la légion d’honneur.
Déclin
De nouveau en 1815, la baisse de la demande et la concurrence se font sentir. L’effectif tombe à 435, avant que la manufacture ne ferme momentanément durant l’invasion des armées coalisées contre l’Empereur. Quand Oberkampf meurt en 1815, la manufacture est confiée à son neveu Samuel Widmer. À la mort de celui-ci, en 1821, un de ses fils Émile Oberkampf, s’associe à Barbet de Jouy, puis lui cède totalement en 1822 les bâtiments. La manufacture, spécialisée dans le haut de gamme, ne peut résister à la concurrence et fait finalement faillite, fermant ses portes en 1843.
Source: https://fr.wikipedia.org/wiki/Christophe-Philippe_Oberkampf
Cependant, mis à part Gutenberg et Oberkampf, il ne faudrait pas oublier l’inventeur même de la sublimation, l’ingénieur Noël de Plasse. Cela arrivera par contre beaucoup plus tard. Faisons un bond de cent ans en avant et voyons quelles sont les innovations en terme de technologies d’impression…
L’impression par transfert, innovation des années 1960
En 1957, l’ingénieur Noël de Plasse expérimente la sublimation de certains colorants (passage de l’état solide à l’état gazeux) et invente l’impression par transfert. L’image à reproduire est imprimée sur un support en papier, puis appliquée sur le textile et thermofixée. Cette méthode est compatible avec la plupart des textiles synthétiques.
En 1965, l’impression par transfert est adoptée par la filature Prouvost et Masurel, qui enregistre la technique sous le nom de Sublistatic.
Les années 1970 : l’histoire de l’impression entre dans l’ère numérique
À partir de 1975, l’informatique ouvre de nouvelles voies à l’industrie de l’impression textile. L’impression numérique peut s’appliquer à l’impression digitale (jet d’encre) ou à l’impression par transfert et permet de reproduire toutes sortes d’images par quadrichromie, avec un nombre de couleurs illimité. Réservée au départ aux produits épais (tapis, etc.), elle est utilisée depuis la fin des années 1990 pour imprimer de petites séries dans l’habillement ou l’ameublement, ainsi que pour de l’échantillonnage ou de la personnalisation.
À l’heure des bilans écologiques, l’impression numérique apparaît comme une solution d’impression textile moins exigeante en ressources et moins polluante que les procédés sérigraphiques.
Source: https://textileaddict.me/lhistoire-de-limpression-textile/