À Moscou en Russie, on retrouve le Musée des arts décoratifs, appliqués et populaires. Il possède des centaines de documents retraçant l’histoire textile russe du XVIIème au XXème siècle sous les aspects les plus divers. Des réalisations artisanales des diverses époques, des tissus imprimés aux étoffes traditionnelles tissées, des toiles d’ameublement aux confections pour l’habillement, c’est un extraordinaire panorama que nous offre ce musée moscovite.
L’exposition « La Russie en calicot », qui a eu lieu du 11 novembre 2010 au 27 mars 2011 en France, au Musée de l’impression sur étoffes de Mulhouse, était le fruit de la collaboration de plusieurs institutions prestigieuses : le Musée des arts décoratifs, appliqués et populaires de Russie, le Musée Historique régional D.G. Bouryline d’Ivanovo et la plus ancienne manufacture d’impression russe, la Manufacture Trekhgornaia. Cette dernière, encore en activité aujourd’hui, imprime à Prohorov depuis la fin du XVIIIème siècle.
Dans l’optique d’illustrer le développement de l’industrie textile russe et l’évolution du vocabulaire ornemental, l’exposition s’orientait autour de deux grandes thématiques : d’une part, la production textile à partir du XVIIème siècle et son évolution historique, et d’autre part, plus spécifiquement, les foulards et autres imprimés réalisés dans les années 1920-1930 caractéristiques de l’esthétique propagandiste « agittki ».
Les tissus imprimés du XVIIème au XXème siècle
Dès les années 1750, certaines manufactures russes se lancent dans l’impression sur coton et sur lin. Cette première phase demeure intimement liée d’un point de vue technique aux traditions locales d’imprimerie. Mais, rapidement la production s’accroît et d’importantes manufactures voient le jour à Saint-Pétersbourg, à Moscou et dans sa région, ainsi que dans la région de Vladimir avec la ville d’Ivanovo, l’un des plus grands centres russes d’impression. La qualité et le coût moindre de ces toiles séduisirent immédiatement la clientèle russe et suscitèrent de surcroît un intérêt à l’étranger, notamment en Asie. La Révolution industrielle marquera très fortement l’industrie textile russe, jusqu’à l’ériger au quatrième rang mondial, après l’Angleterre, la France et l’Allemagne. La production russe de toiles imprimées, essentiellement destinée au marché intérieur, se distingue par une esthétique particulière puisant à la fois dans le répertoire décoratif européen et asiatique.
Si les premières toiles imprimées sont généralement monochromes et dépouillées, les motifs floraux et les ornements végétaux dominent largement la création tout au long du XIXème siècle, habillant élégamment toiles et foulards. Les châles en laine imprimée provenant de Pavlov Possad, centre industriel renommé depuis 1812, illustrent parfaitement cet engouement pour les décors floraux.
Mouchoirs de cou illustrés des grands épisodes historiques ou à l’effigie d’illustres personnages, costumes traditionnels paysans et nombre d’objets témoignant des savoir-faire régionaux viennent compléter ce panorama historique.
Le Musée de l’impression sur étoffes de Mulhouse réunit la plus grande collection de dessins textiles au monde (plus de six millions de dessins archivés), source d’inspiration depuis plus d’un siècle et demi pour des chercheurs, des stylistes et des industriels venant du monde entier pour les consulter.